Dans les années 1980, la vie artistique chinoise, anesthésiée depuis des décennies, s’est réveillée avec la puissance d’un géant. Les manifestations de Tian’anmen ont ouvert les vannes à un flot d’images témoins d’un désir ardent de liberté. Des mouvements photographiques multiples, hétérogènes, contradictoires, cohabitent désormais en marge de la photographie de propagande dominante jusqu’alors.
La photographie chinoise se singularise avant tout par le développement d’une pratique très élaborée de la mise en scène et l’usage intense du numérique, souvent vécu comme libérateur.
Nombre de photographes vivant au plus proche des performances d’artistes et du body art vont pérenniser ces expérimentations par l’image puis développer leurs propres scénographies, bousculer l’appréhension du réel et s’imposer spectaculairement sur la scène artistique et marchande internationale.
De même, dans la grande tradition du documentaire, de nouvelles déclinaisons du genre vont voir le jour : documentaire utopiste idéalisant la terre natale ou dénonçant la destruction brutale des cadres de vie traditionnels, ou regard plus critique s’attachant aux marges silencieuses et peu explorées de la société chinoise contemporaine.
Déterminé à ouvrir ses pages à d’autres photographes que ceux qui dominent le marché de l’art, L’Insensé a donné la place à des approches sensibles, parfois plus classiques, questionnant les vertigineux bouleversements culturels de l’empire du Milieu.
Textes
Nous avons demandé à Philippe Pataud Célérier, spécialiste reconnu de la photographie chinoise, de décrire cette scène contemporaine, à Michel Temman, journaliste culturel en Asie, d’interviewer certains des photographes présents dans la revue – dont Chen Man, en couverture de ce numéro –, enfin à Christian Caujolle de nous introduire dans l’intimité des rayons « sinophiles » de sa bibliothèque.

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